UNE MEDAILLE-BOITE DE 1817

Cet objet pour le moins original est une médaille-boîte contenant six miniatures reliées entre elles par un cordon. La médaille, en étain, présente à l’avers le réformateur Martin Luther représenté en buste et de profil et, au revers, une Bible ouverte portant un verset du Livre de la Sagesse, entourée de livres et adossée à une coupe de communion surmontée par du pain.

Les miniatures, illustrées sur leurs deux faces, rappellent, d’un côté, les principaux épisodes de la vie de Luther : la publication de ses 95 thèses contre les indulgences le 31 octobre 1517, la destruction de la bulle pontificale rédigée en 1520 par le pape Léon X en réponse aux 95 thèses, la comparution de ce dernier devant la Diète de Worms l’année suivante, son enlèvement par le prince de Saxe, la traduction de la Bible en allemand qu’il fit à la Wartburg en 1521-1522 et enfin son décès à Eisleben, le 18 février 1546. Le verso de ces miniatures représente les six temps forts des célébrations organisées à Wittenberg, Lützen, Tubbingen ou encore Zalsdorf à l’occasion du tricentenaire de l’affichage des 95 thèses, moment considéré comme l’acte de naissance symbolique de la Réforme en Europe.

Cette médaille-boîte est l’œuvre de Johann Thomas Stettner, médailliste à Nuremberg entre les années 1806 et 1840. Si les origines de ce type d’objet assez surprenant remontent à la fin du XVIe siècle, c’est surtout au XVIIIe siècle que les médailles-boîte se développent. Elles sont produites essentiellement à Augsbourg, commémorant « La grande émigration » des protestants expulsés de Salzbourg en 1731. Au XIXe siècle, le centre de production se déplace à Nuremberg puis à Vienne, mais ce type de médaille tombe en désuétude après la guerre franco-allemande de 1870-1871 qui voit apparaître les dernières pièces de ce genre. À partir de 1732, les sujets représentés ne sont plus religieux mais politiques. Stettner réalise un certain nombre de médailles-boîte commémoratives dans les premières années du XIXe siècle, mais il semble que celle possédée par le musée soit une des seules à commémorer un événement religieux.