EUGENE CASALIS ET SOPHIE BOURGEOIS PAR J.-F. DIETLER

A l’occasion du bicentenaire de la naissance à Orthez d’Eugène Casalis, le Musée Jeanne d’Albret a reçu un don exceptionnel de la part d’un descendant direct du missionnaire béarnais. Il s’agit de deux portraits à l’aquarelle sur papier représentant Eugène Casalis (1812-1891) ainsi que sa seconde épouse, Sophie Bourgeois (1828-1898).

Les portraits des deux époux ont été réalisés à Berne en 1858, soit quelque temps avant leur mariage, qui eut lieu le 23 février 1859 dans cette même ville. Ils sont l’oeuvre de Johann Friedrich Dietler (1804-1874), un peintre suisse. Originaire de Soleure, Dietler débute comme aide dans l’atelier de son père, le peintre Josef Félix Dietler, et prend des cours de dessin chez le portraitiste Charles Germann. De 1822 à 1833, il poursuit sa formation à Paris, dans l’atelier d’Antoine-Jean Gros, peintre d’histoire et portraitiste de renom. Pendant l’hiver 1834-1835, il travaille dans l’atelier de son compatriote Louis Léopold Robert, installé à Venise. Il rentre en Suisse l’année suivante pour enseigner la peinture à l’école des Beaux-Arts de Berne. Très vite, il reçoit de nombreuses commandes de portraits pour les familles patriciennes de Berne, Soleure, Fribourg et Bâle. Rapide et infatigable, il en réalise plus de 5000, à l’huile et à l’aquarelle, ce qui lui assure de substantiels revenus.

Les onze années que Dietler a passées à Paris ont grandement influencé son œuvre. L’influence de Jean-Baptiste Isabey, portraitiste français de renom spécialisé dans la miniature et l’aquarelle, est particulièrement sensible. Dans les deux œuvres que le Musée Jeanne d’Albret vient de recevoir, Dietler prouve son talent de dessinateur : la touche est spontanée et rapide, bien que d’une grande délicatesse, rendant les portraits très vivants. Le fond neutre, à peine coloré, met particulièrement bien en valeur les personnages représentés. Nous pouvons apprécier la grande fidélité du portrait du missionnaire grâce à une photographie réalisée quelques années après [ca. 1861/1870] dans le studio genevois d’Auguste Reymond et conservée aujourd’hui dans le fonds photographique du DEFAP. Eugène Casalis y apparaît assis dans la même position et vêtu exactement de la même manière.